Eau potable

Une solution au problème d’eau jaune

La Ville de Saint-Pascal a reçu l’autorisation du ministère de l’Environnement pour l’implantation d’un système de traitement de l’eau potable afin d’enrayer la problématique de l’eau jaune dans son réseau d’aqueduc.

En janvier 2020, en collaboration avec la firme Environor Canada, la Ville de Saint‑Pascal a procédé à une demande au ministère de l’Environnement afin d’implanter un système visant à intégrer un produit nommé « inhibiteur de corrosion » au procédé actuel de traitement de l’eau potable.

Par l’injection de ce produit dans le réseau d’aqueduc municipal, l’ensemble du volume d’eau à distribuer sera traité et la corrosion causant l’eau jaune sera diminuée, voire enrayée.

Les produits Environor sont utilisés dans diverses provinces canadiennes, soit au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Ontario. Les villes utilisant le même traitement que celui qui sera appliqué à Saint-Pascal ont rapidement constaté ses avantages, notamment l’amélioration de la qualité esthétique de l’eau potable et la diminution des taux de fer sur le réseau d’aqueduc. Le produit en question est très sécuritaire et est en place depuis plusieurs années dans des villes telles que Joliette (QC), Edmundston (NB) et Hawkesbury (ON).

Entrevue avec Environor Canada

Anne-Christine Charest de TVCK pose vos questions à Anne-Geneviève Poirier M. Env., représentante technique chez Environor Canada.

Entrevue réalisée le 10 décembre 2020 – (Durée : 25 minutes et 14 secondes)

Questions/réponses

Explication globale des étapes réalisées

Une représentante d’Environor Canada a fait une première visite à Saint-Pascal l’an dernier après que les représentants de Saint-Pascal l’aient contacté en raison d’une problématique d’eau colorée. Environor Canada est spécialisé dans ce genre de problématique. Une évaluation a été effectuée pour évaluer la cause de la coloration, soit la corrosivité de l’eau qui génère du fer de corrosion sur le réseau d’aqueduc. Un procédé de traitement par inhibiteur de corrosion a été proposé, puis les démarches pour déposer une demande de certificat d’autorisation auprès du ministère de l’environnement ont été réalisées. Suite à l’obtention de ce certificat, l’installation des équipements de dosage a été entamée et est en cours de finalisation. La prochaine étape sera le démarrage du traitement. Par la suite, Environor Canada effectue des suivis réguliers afin de valider l’efficacité du traitement et optimiser les dosages.

Quel est le produit qui sera ajouté dans l’eau, son nom exact et de quoi est-il composé?

Le produit inhibiteur de corrosion est un phosphate de zinc, nommé l’ENV 24P10.

Ce type de produit est couramment utilisé en eau potable, en place dans plusieurs villes dans le monde. Du phosphate de zinc peut être utilisé dans d’autres types d’industries, mais dans le domaine de l’eau potable, il est dosé à de très faibles concentrations, selon des normes établies et des concentrations maximales.

Avez-vous des données sur l’état de santé des citoyens où ce procédé est appliqué dans les villes de Joliette et d’Hawkesbury vs les municipalités environnantes?

Tout ce qui prend part à la production de l’eau potable est très réglementé et soumis à des normes strictes. Tout produit ajouté à l’eau potable doit être certifié NSF, standard 60. NSF est organisme indépendant, reconnu mondialement, qui se charge de tester, étudier et faire le suivi de tous les produits certifiés. Le label NSF fournit l’assurance que les produits ont été évalués rigoureusement et qu’ils sont sécuritaires à être utilisés par les consommateurs et leur famille.

Il n’y a donc pas lieu d’effectuer des suivis sur ce procédé.

Depuis quand le procédé est utilisé à Joliette et Hawkesbury?

À Joliette, environ 4 ans et à Hawkesbury, environ 10 ans.

Quelles sont les mises en garde du Ministère de l’environnement eu égards à l’autorisation obtenue par Saint-Pascal.

Aucune.

Quels sont les risques sur la santé humaine actuelle avec la corrosion de la tuyauterie actuelle?

La principale conséquence est actuellement esthétique. Toutefois, le fer interagi avec le chlore dosé dans l’eau potable et le rend moins disponible pour effectuer la désinfection dont il est chargé. Cela peut donc créer un risque au niveau du développement bactérien. 

Aussi, une eau corrosive peut dissoudre des éléments de plomberie en plomb, nocif pour la santé humaine. Le cuivre peut également être corrodé et, en forte concentration, peut également avoir des effets nocifs sur la santé.

De quel agent chimique exactement est composé l’additif à l’eau potable “inhibiteur de corrosion” de Environor Canada?

Le phosphate et le zinc sont les ingrédients actifs de l’additif. Le phosphate, le zinc, et même le fer sont des molécules dont le corps a besoin pour sont fonctionnement. Lorsqu’elles sont retrouvées dans l’eau potable, ces molécules sont à de plus faibles concentrations que dans l’alimentation.

Quel est le principe chimique en jeu? Comment fonctionne l’inhibiteur de corrosion?

Le phosphate de zinc distribué en continue dans le réseau d’aqueduc inactive les sites de corrosion sur les conduites. Le phosphate, à long terme, effectue une passivation de la surface des conduites en fonte, afin qu’il n’y ait plus de fer de corrosion généré.

Ça devrait prendre combien de temps avant de voir une amélioration de l’apparence de l’eau?

Tout dépendant de l’état des conduites, cela peut prendre de quelques semaines à 3 mois.

Quelle quantité de chaque ingrédient du produit est sécuritaire pour la consommation humaine?

Selon le RQEP (règlement sur la qualité de l’eau potable du Québec), la concentration maximale acceptable (CMA) pour le zinc = 5 mg/L, et la CMA pour le phosphate = 10 mg/L. Le maximum de ce qui sera dosé équivaut à moins d’un dixième de ces concentrations.

Quel est le risque associé à une exposition à long terme à chacun des constituant du produit?

Lorsque les doses ajoutées respectent les normes établies, il n’y a pas de risque.

Peut-il y avoir des réactions chimiques imprévues avec l’eau? Comment se fait le suivi de la composition chimique de l’eau qui arrive aux maisons?

D’un point de vue esthétique, l’eau peut avoir une teinte bleutée, plutôt que jaunâtre.

Sinon, non.

Pour le suivi, la réglementation prévoit des protocoles d’échantillonnage réguliers pour différents paramètres de l’eau, effectués par les responsables de l’eau potable de la ville.

Pour le suivi de l’inhibiteur de corrosion, Environor fournit un service de suivi régulier afin de vérifier les concentrations à l’usine et sur le réseau, afin de valider son efficacité et sa bonne répartition.

Quelque chose à ajouter?

Il faut garder en tête que le produit ajouté sera très dilué, et tout de même très efficace.

Aussi, il est important de souligner à quel point le domaine l’eau potable est réglementé et surveillé par plusieurs institutions, afin que les citoyens consomment une eau potable de bonne qualité.

Le procédé qui sera enclenché permettra, en plus d’une amélioration de la qualité esthétique de l’eau, d’obtenir des bénéfices additionnels, tels qu’une économie d’eau potable et une économie de produits nécessaires au traitement.